La première fois que j'ai vu Morante c'était en Arles lors d'une féria pascale (2006 je crois) où il avait refusé de voir ses deux toros et le lendemain la Provence avait titré : "34 sec. de bronca lors de la sortie des arènes du matador sévillan" et je vous promet que 34 secondes, c'est long !
Depuis le hasard m'a souvent détourné de ses venues en France. 2011 aura rectifé cette carence puisque je l'ai vu deux fois en moins d'un mois.
Premier rendez-vous à Bilbao le mardi 23 août devant des Nuñez del Cuvillo très bien présentés, armés, charpentés, nobles et encastés, bref du sérieux ! A son premier, Morante n'est pas à l'aise, bref les choses se terminent assez rapidement mais on sent qu'il a envie de bien faire et on a hâte de son second.
Manzanares passe et son toro trépasse d'un recibir aussi efficace qu'inattendu, dommage que la faena fut moyenne...
David Mora montre de belles choses mais gaspille ses efforts, aux aciers... dommage.
Revoilà le natif de Puebla del Rio. Le colorado bociblanco qui lui incombe fait vite retentir des sifflets et des requètes de changement au vue d'une légère tendance... à claudiquer nous dirons, c'est pas franc mais ça peut se percevoir ( c'est là qu'on se dit qu'en France le mouchoir vert serait usé s'il était aussi facilement quémandé...).
Au capote pas grand chose, Morante n'est pas à l'aise, le tiers de pique est chaotique, le toro fait ce qu'il veut, en gros c'est un peu la pagaille, il prend une troisième pique alors que le changement de tiers a retenti et que le picador est sur le chemin de la sortie, bref la cuadrilla patauge...
Début de la faena, Morante parait agacé, on se dit que les choses ne vont pas durer; le spectre de 2006 m'aurait-il accompagné à 800km d'Arles, serais-je un chat noir pour sieur de la Puebla ?
Les premières passes sont des passes de châtiments profondes et d'une humiliation rarement égalée, quelques sifflets se font même entendre, mais c'est à ce moment là qu'un déclic se produit sur la première vraie série test qu'il fait. Son regard change, il s'arrime, je n'en crois pas mes yeux, il sort deux grosses séries et prend le dessus sur son toro, le reste est beau, le public vocifère des olés venus d'ailleurs, les gestes sont d'une douceur et d'une lenteur rare, mort sin puntilla, pétition unanime et deux mouchoirs sur un toro de Bilbao, c'est rare à c'qu'on dit ! Le vieil espagnol à côté de moi est content, en treize venues de Morante à Bilbao, il ne l'avait vu bon que la première fois, comme quoi je viens de moins loin que lui à ce sujet...
Manzanares est un peu mieux à son second, nouveau recibir à nouveau réussi, oreille
Mora tombe sur le plus mauvais de l'envoi à son second, dommage on aimerait vraiment en voir plus de ce jeune homme !
J2M sort tel un Justin Biber
Morante sort en triomphe, tel une icône, dernier soir à Bilbao, petit cafard...